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Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a diffusé, le 8 avril, les projets de programmes en français et en mathématiques pour les cycles 1 et 2, de la petite section de maternelle au CE2. Alors que les programmes de 2002 puis de 2015 avaient été approuvés par la communauté éducative, le CSP, pour donner suite à la saisine (très idéologique) du ministère, a totalement réécrit et réorganisé les programmes, tournant le dos à l’ambition de la réussite de toutes et tous avec une vision différente de l’école. Rien ne va dans ces nouveaux programmes : ni la méthode, ni la forme, ni le fond.
Sur la méthode, le temps court entre la lettre de saisine du CSP, le 8 janvier, et la date prévue de mise en application, en septembre, confirme que leur élaboration n’a été voulue ni comme le résultat d’un consensus construit par une large communauté scientifique incluant didactique, sociologie des apprentissages et sociologie de l’éducation, ni par la volonté de consulter un grand nombre d’équipes de professionnels de terrain. Le temps est loin où le ministère dégageait du temps pour que les équipes soient consultées collectivement.
Sur le fond, ces programmes s’inscrivent dans une stratégie éducative en rupture totale avec les valeurs historiques d’un enseignement émancipateur, fondé sur le refus des inégalités scolaires et sociales. Ils portent une vision mécaniciste, simpliste et, finalement, dangereuse pour les apprentissages des élèves. Ils balaient d’un revers de manche des décennies de travaux en sciences de l’éducation et traduisent une méconnaissance à la fois des processus d’apprentissage des élèves mais également du travail expert des enseignantes et des enseignants.
Elémentariser l’école maternelle
En effet, en visant principalement l’objectif d’améliorer les « scores » des jeunes élèves lors des évaluations nationales et internationales, les nouveaux programmes brident à la fois les choix didactiques et pédagogiques des équipes enseignantes et transforment les professeurs des écoles en de simples exécutants de programmes livrés « clés en main ». La capacité de l’élève à réfléchir, à comprendre, à imaginer et à apprendre avec les autres, selon un rythme et des chemins qui lui sont propres, est supprimée.
Ainsi, ils rompent complètement avec la notion de cycle où les savoirs à acquérir se font progressivement et différemment d’un élève à l’autre, et où les attendus de fin de cycle valident les apprentissages. L’introduction de repères annuels et infra-annuels va créer, de fait, des normes d’acquisition qui généreront rapidement des écarts à la norme pour les élèves en difficulté. C’est une conception qui nie la réalité des différents processus et rythmes d’apprentissage, une conception rejetée depuis longtemps et qui présente un véritable danger.
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