les Nations unies demandent le retrait du projet de loi sur l’influence étrangère

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Des manifestants prennent part à un rassemblement contre le projet de loi sur l’influence étrangère à Tbilissi, en Géorgie, le 2 mai 2024.

Le projet de loi géorgien sur l’« influence étrangère » inquiète la France, les Etats-Unis et l’Organisation des Nations unies (ONU), alors que la mobilisation se poursuit. Jeudi 2 mai, le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a demandé le « retrait » du texte en cours d’examen au Parlement de la Géorgie et a dit son inquiétude de l’usage « disproportionné de la force » contre ceux qui s’y opposent.

« J’exhorte les autorités géorgiennes à retirer ce projet de loi et à engager un dialogue, notamment avec la société civile et les médias », a déclaré M. Türk dans un communiqué, estimant que « qualifier les ONG et les médias bénéficiant de financements étrangers d’“organisations agissant dans l’intérêt d’une puissance étrangère” constitue une menace sérieuse pour les droits à la liberté d’expression et d’association ».

« Je suis préoccupé par les informations faisant état d’un recours inutile et disproportionné à la force par les forces de l’ordre contre des manifestants et des professionnels des médias à Tbilissi, la capitale géorgienne, cette semaine », a souligné M. Türk.

La France, de son côté, a condamné la répression des manifestations en Géorgie et a appelé les autorités géorgiennes « à faire respecter le droit à manifester pacifiquement ainsi que la liberté de la presse ». Paris « réitère sa vive inquiétude » concernant le projet de loi, qui va « à l’encontre des valeurs sur lesquelles est fondée l’Union européenne et auxquelles le peuple géorgien a montré son profond attachement », a souligné Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère des affaires étrangères français.

Adoption définitive du texte d’ici à la mi-mai

Les Etats-Unis se disent, eux, « profondément préoccupés par cette législation, par les conséquences qu’elle pourrait avoir en matière d’étouffement de la dissidence et de la liberté d’expression ». La Géorgie compte « une société civile vibrante » qui « joue un rôle essentiel de lutte contre les excès du gouvernement » et « nous n’aimerions pas voir avancer quoi que ce soit d’un point de vue législatif qui (…) rendrait plus difficile l’expression du peuple géorgien », a ajouté John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l’exécutif.

Les opposants géorgiens au texte de loi ont poursuivi leur mobilisation et des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue jeudi soir. Contrairement aux jours précédents, le rassemblement a lieu en deux endroits différents : devant le Parlement, lieu traditionnel pour les manifestations, et sur la place des Héros, où trône un monument en mémoire des soldats géorgiens morts au combat. Les manifestants ont bloqué la route menant à cette place. La police a arrêté plusieurs d’entre eux et fait usage de gaz poivré, comme la veille. En signe de solidarité avec les personnes interpellées, les manifestants se trouvant devant le Parlement ont défilé vers la place des Héros.

Depuis le 9 avril, des dizaines de milliers de manifestants protestent contre le projet de loi controversé sur l’influence étrangère, adopté mercredi en deuxième lecture par le Parlement. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, a réintroduit ce projet de loi perçu comme une entrave aux aspirations de Tbilissi à rejoindre l’Union européenne.

Le texte, sévèrement critiqué par l’Union européenne ou les Etats-Unis, doit encore passer une troisième lecture, et la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, en conflit avec le parti au pouvoir, devrait y mettre son veto. Rêve géorgien dispose cependant d’assez de voix pour pouvoir passer outre.

Le Monde avec AFP

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