plaidoyer pour les « nouveaux OGM »

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Le lecteur ne sera pas pris en traître dans ce livre. François Parcy ne cache pas son soutien en faveur d’une déréglementation du recours aux nouvelles techniques génomiques (new genomic techniques, NGT) dans la recherche pour l’agriculture. Le chercheur en fait même beaucoup pour vanter ces variétés de plantes que l’on pourrait créer grâce la technique Crispr de modification du génome. Que ce soit pour satisfaire des consommateurs qui rêveraient de fruits sans noyau (pêches, cerises, avocats, etc.) ; pour répondre au défi de l’appauvrissement des sols en cultivant des céréales pérennes plutôt que des annuelles qui conduisent à labourer tous les ans les mêmes champs ; ou encore pour limiter le recours aux pesticides ou fongicides en créant des espèces résistantes aux pathogènes (une vingtaine existe déjà sur les rayons des chercheurs).

Directeur de recherche du CNRS au Laboratoire physiologie cellulaire & végétale de l’université de Grenoble-Alpes, l’auteur prend frontalement le contrepied des associations qui dénoncent dans ces « nouveaux OGM » une menace pour la biodiversité et un dangereux poison pour les générations futures laissé entre les mains des grands semenciers. Fort de sa foi dans une utilisation raisonnable du progrès scientifique, François Parcy voit au contraire dans cette révolution Crispr un des outils pour répondre aux défis du moment et de demain : réchauffement climatique, perte de la biodiversité, pollution des sols, etc.

Laissons de côté l’aspect boule de cristal de ce duel à distance. La démonstration riche et argumentée exposée dans ce livre mérite en revanche que l’on s’y attarde. Car ce spécialiste de la fécondation des fleurs, généticien du développement des plantes, commence… par le commencement. Un b.a.-ba bienvenu pour comprendre où on en est aujourd’hui, ce qu’a fait au cours des millénaires cet apprenti sorcier d’Homo sapiens, les transformations qu’il a apportées à Dame Nature.

Mutations spontanées

L’invention de l’agriculture, qui a sonné la fin des chasseurs-cueilleurs, a pour marqueur la sélection des plantes offrant un avantage pour notre espèce. Une domestication porteuse de modifications génétiques transmises. Le maïs est ainsi devenu un « caniche », totalement inadapté à la vie dans la nature, avec ses graines non protégées, offertes sur un bel épi au premier herbivore venu. Son ancêtre, la téosinte, portait sur plusieurs tiges quelques graines défendues par une coque. De quoi les mettre à l’abri des gourmands et favoriser leur éparpillement au sol par les vents et les pluies avant qu’elles ne germent en assurant la dissémination de l’espèce.

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