« Les Européens auraient tort de croire qu’une nouvelle présidence Biden serait du point de vue économique radicalement différente d’une présidence Trump »

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A l’approche des élections européennes de juin, les appels en faveur d’une Europe indépendante et forte se font plus pressants. La perspective d’une victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle du 5 novembre plaide en faveur d’une stratégie d’indépendance de l’Union européenne (UE). Ce n’est pas gagné d’avance quand on regarde les chiffres…

L’Europe, on le sait, est dépendante militairement et énergétiquement des Etats-Unis. Mais elle l’est aussi pour ses débouchés commerciaux. Les Etats-Unis sont le premier client de la zone euro, avec des exportations qui représentent plus du double de celles vers la Chine. En 2023, elles ont atteint 450 milliards d’euros, contre 200 milliards d’euros vers la Chine. Et elles continuent d’augmenter.

L’Allemagne est le pays le plus exposé, avec un excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis de 63,5 milliards d’euros en 2023. Les Européens achètent aux Américains des logiciels et des puces électroniques. En retour, ils nous achètent des machines-outils, des produits pharmaceutiques et des fromages.

Une part du commerce avec les Etats-Unis reflète aussi les stratégies d’optimisation fiscale des sociétés pharmaceutiques américaines, qui produisent leurs médicaments brevetés en Irlande et les revendent à un prix plus élevé aux Etats-Unis. Cela gonfle artificiellement les échanges, mais n’explique qu’une partie des importations américaines depuis l’Europe. L’augmentation de la demande américaine pour les automobiles et les pièces automobiles européennes est fulgurante. Elle atteint plus de 50 milliards d’euros sur un an, alors que les exportations américaines vers l’Europe sont de seulement 20 milliards d’euros sur la même période.

Un tarif douanier universel de 10 %

Un tel degré de dépendance à l’égard d’un pays, soit-il notre allié, n’est pas sain. Souvenons-nous qu’en 2018, Trump avait menacé d’instaurer une taxe de 25 % sur les importations automobiles et les pièces automobiles européennes. L’Allemagne aurait été le premier perdant. La France n’aurait pas été épargnée, principalement sur ses exportations de composants. Les usines françaises de Toyota et de Daimler exportent des véhicules assemblés vers les Etats-Unis.

S’il est réélu, Trump prévoit la mise en place d’un tarif douanier universel de 10 %. On peut parier en outre qu’il regardera avec attention l’important excédent commercial entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Mais les Européens auraient tort de croire qu’une nouvelle présidence Biden serait de ce point de vue radicalement différente d’une présidence Trump.

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