La grande lunette de l’Observatoire de Meudon recouvre la vue

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Avant d’être remontées sur la grande lunette de l’Observatoire de Meudon (Hauts-de-Seine), le 29 novembre 2023, les lentilles ont dû passer à l’aide d’une grue par la fenêtre de la coupole.

Mercredi 29 novembre, une vieille dame de la science a recouvré la vue. Au terme d’une journée de manutention et de bricolage, la grande lunette de l’Observatoire de Meudon (Hauts-de-Seine) – lequel est intégré au sein de l’Observatoire de Paris-PSL (université Paris Sciences et lettres) – a récupéré ses yeux, ses deux lentilles qui avaient été démontées en 2004. Une opération réussie qui récompense les efforts d’un petit collectif de passionnés, astronomes, ingénieurs et techniciens de l’Observatoire.

L’affaire était délicate et ce groupe de travail a multiplié les précautions pour ne pas abîmer les imposantes lentilles de verre : la plus grande (83 centimètres de diamètre, plus de 200 kilogrammes) servait à l’observation, et l’autre (62 centimètres, presque 1 quintal), à la photographie. Stockés depuis près de deux décennies au rez-de-chaussée de la grande coupole de Meudon, ces deux objectifs ne pouvaient remonter à l’étage supérieur, où se situe la lunette, par la trappe d’origine, occultée par un faux plafond : ils ont dû emprunter la voie des airs, moins chère et plus sûre, afin de passer par la fenêtre, soulevés l’un après l’autre par le bras musclé d’une grue hydraulique.

Nettoyage de la lentille de 83 centimètres de diamètre avant son remontage sur la grande lunette de l’Observatoire de Meudon (Hauts-de-Seine), le 29 novembre 2023.

Ce transfert a été assuré par une entreprise spécialisée dans le levage d’objets lourds et notamment de sculptures massives : « On leur a dit que c’étaient des objets d’art », glisse Miguel Montargès. Cheville ouvrière du groupe de travail sur la grande lunette et la coupole, cet astrophysicien ne cachait pas son inquiétude en voyant les lentilles se balancer au bout d’un palan : « Je tremble, mais je ne sais pas si c’est de froid… »

Haubans et contrepoids

Une fois sous la coupole, les lentilles ont été longuement et soigneusement nettoyées. Tout d’abord… au doigt mouillé. « Le doigt n’est pas vraiment au contact du verre à cause du film d’eau, précise Vincent Lapeyrere, ingénieur de recherche à l’Observatoire. La pulpe du doigt est très sensible, elle peut sentir les grains de poussière et les retirer sans rayer la lentille. » Ensuite seulement ont été passées éponges et lingettes imbibées d’alcool.

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Enfin est venu le temps d’insérer les lentilles au bout de l’immense tube de 16 mètres qui constitue la lunette, basculée tête en bas pour l’occasion et maintenue par des haubans et des contrepoids. Avec une interrogation : le métal de ce tube a-t-il joué depuis 2004 ? Posée sur une table de levage, la plus grande des deux lentilles monte centimètre par centimètre et s’encastre sans problème aucun. L’affaire est plus compliquée pour la seconde : la table se grippe puis l’objectif entre de travers et se bloque. Il faut recommencer, venir à bout d’une vis récalcitrante puis retirer les contrepoids, et vérifier que la lunette est bien équilibrée.

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